Le département Private Equity and Debt (capital-investissement et dette) se charge des investissements dans des entreprises qui ne sont pas cotées en Bourse. Contrairement aux actions cotées, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour les vendre : ce sont plutôt des investissements à long-terme.  

En Europe, ce type d’investissement a joué un rôle important dans la transition énergétique, constate Femke Bos, en dirigeant des fonds privés vers des projets énergétiques ayant un impact concret. Dans les pays émergents aussi, les investisseurs peuvent contribuer aux transitions durables en tous genres par le biais de capitaux privés et de la dette. Triodos Investment Management (Triodos IM), qui est actif sur les marchés des placements privés, possède un portefeuille d’environ 2 milliards d’euros de prêts privés et d’actions. 

Les « Private markets » sont particulièrement adaptés aux personnes qui souhaitent générer un impact grâce à leurs placements. En général, au-delà d’être moins volatils et moins sensibles au sentiment des investisseurs que les marchés cotés en bourses, ces placements offrent de belles possibilités de diversification et des rendements à impact clairs. Femke Bos : « Par ailleurs, leurs rendements à long terme sont généralement stables. Je peux présenter de belles tendances à la hausse, totalement cohérentes, pour nos fonds axés sur l’inclusion financière – même dans les pays émergents, dont les marchés des actions sont jugés trop risqués par de nombreux investisseurs. Un autre point important pour nous qui sommes en charge des placements est que nous avons plus d’influence directe sur une société privée que sur une entreprise cotée en bourse. Cela nous donne plus de poids pour orienter les performances tant financières qu’en termes d’impact ». 

Des différences régionales

Bien que les marchés privés soient moins volatils, à l’instar des actions et obligations cotées en bourse, ils restent très exposés à des risques tels qu’un endettement élevé, une croissance économique en berne, des troubles géopolitiques et des conditions climatiques extrêmes. En 2024, par exemple, on a pu constater des différences importantes selon les régions. « Globalement, les marchés privés en Europe ont obtenu de bons résultats, même si la valorisation des projets d’énergies renouvelables est restée à la traîne en raison de tarifs énergétiques plus bas », explique Femke Bos.  

Femke Bos.

Sur les marchés émergents, le défi était plus important, et l’analyste voit cette tendance se prolonger en 2025 : « S’il est vrai que nous commençons à observer une amélioration de la manière dont la transition énergétique est perçue et une augmentation des entrées de capitaux, dans de nombreux pays émergents, elle n’en est qu’à ses balbutiements. Si les États-Unis se mettent à pomper beaucoup plus de pétrole sous la présidence Trump, ralentissant ainsi la transition énergétique, plusieurs pays émergents pourraient en pâtir. Ils sont déjà les plus durement touchés par le changement climatique, mais n’ont pas les moyens d’y remédier en raison de leur endettement élevé. Le soutien des pays riches et développés reste malheureusement limité, comme on l’a constaté lors de la dernière COP29. Les marchés privés vont devoir contribuer à combler de manque ». 

Focus accru sur l’innovation dans la transition énergétique 

Dans le cadre de la transition durable, Triodos IM a déplacé ses priorités : l’accent est désormais moins mis sur le financement de projets d’énergies renouvelables tels que des parcs éoliens, et davantage sur le développement de nouvelles technologies et la résolution des problèmes de congestion du réseau. Un point de bascule a effectivement été atteint : « Les parcs éoliens et photovoltaïques rencontrent à présent tellement de succès qu’ils ne parviennent pas toujours à injecter la totalité de l’électricité produite dans le réseau. Ce problème de congestion peut être résolu grâce à des batteries et d’autres technologies intelligentes ». 

Les marchés privés sont tout à fait indiqués pour de tels investissements étant donné que les pionniers de l’innovation durable sont souvent de petites entreprises qui n’ont pas encore franchi le pas de la cotation en bourse. « Nous nous intéressons par exemple à des projets d’hydrogène vert à plus petite échelle en Europe plutôt qu’à des mégaprojets mobilisant des milliards d’investissements », précise Femke Bos. 

Lutte contre la pauvreté  

Les microcrédits font également partie des investissements non cotés inclus dans le Triodos Impact Portfolio. Triodos IM, qui investit déjà depuis plus de 25 ans dans l’inclusion financière, est actif dans plus de 40 pays. « Si les microcrédits et les prêts aux petites et moyennes entreprises locales restent importants dans la lutte contre la pauvreté, ils sont de plus en plus souvent associés au climat et aux besoins croissants en eau propre et en assainissement. Nous attendons beaucoup de cette combinaison en 2025 ».  

Femke Bos souligne l’importance de ces projets locaux : « Dans des pays comme l’Inde, nous soutenons les petits agriculteurs qui adoptent des pratiques durables. Au-delà d’être bénéfique pour l’adaptation climatique, cela renforce également les communautés locales ». 

Chute dramatique de la biodiversité

Outre la congestion du réseau et l’adaptation au climat, le capital-investissement joue aussi un rôle dans d’autres défis, que Triodos IM s’attache à relever. Femke Bos : « Le changement climatique impacte de nombreux aspects de notre existence, mais la vague suivante à laquelle nous devons nous attendre est la perte rapide de biodiversité. Nous sommes face à un tournant inquiétant. Mais ici aussi, les investisseurs peuvent faire une différence, particulièrement via le capital-investissement, étant donné qu’ils peuvent exercer une influence en tant qu’actionnaires. Nous étudions les possibilités de créer un fonds avec des solutions basées sur la nature (NBS), pour préserver et renforcer la biodiversité ». 

La biodiversité sera donc une thématique importante en 2025, confirme Femke Bos. « La Banque Triodos s’est engagée à financer d’ici fin 2030 des solutions basées sur la nature à hauteur de minimum 500 millions d’euros dans le cadre de ses objectifs liés à la biodiversité. Il s’agit notamment de restaurer les terres agricoles et la nature ainsi que de promouvoir la pêche durable, mais aussi de créer de nouveaux écosystèmes dans les villes »

« Les entreprises innovantes à la pointe du développement durable s’adressent volontiers à Triodos IM sur les marchés privés, avec des projets tels que le stockage en batterie, l’agriculture régénérative et la microfinance sur les marchés émergents. », affirme Femke Bos. « Nous voulons être actifs là aussi, à l’avant-garde des solutions. C’est là que nous pouvons faire la plus grande différence. »