Le cinéma, un secteur à verdir
La Banque Triodos vise à devenir neutre en carbone d’ici 2035 dans le cadre de son objectif « net zero ». Pour y parvenir, l’institution financière agit sur toute sa chaine de valeur, c’est-à-dire autant au niveau de son fonctionnement interne que des prêts octroyés ainsi que de ses produits et services d’investissements.
« La culture étant un des piliers de la banque, Triodos finance le cinéma au niveau de la production, de la distribution et de la diffusion, c’est-à-dire les salles de cinéma. Le cinéma inspire, sensibilise, relie les gens et les idées. Pour Triodos, il est donc essentiel que ce secteur maîtrise également son empreinte carbone. C’est pourquoi, nous avons organisé, en concertation avec le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, cet événement visant à informer les professionnels de la production audiovisuelle. Selon un récent rapport de Triodos, le secteur ‘Arts et Culture’ a une intensité carbone relativement élevée représentant 9% des émissions ‘générées à travers les financements tandis que le secteur compte pour 5,2% de son portefeuille crédits », explique Thomas Van Craen, directeur de la Banque Triodos Belgique.
Actuellement 55 films liés à la production belge sont soutenus par la banque dans le cadre d’un préfinancement des créances ou des subsides pour la production de votre film. Sur les quatre dernières années la banque a octroyé chaque année une moyenne de 10 millions d’euros de nouveaux crédits pour financer des productions de films. Les productions de film bénéficient du Tax Shelter. Triodos propose un produit unique sur le marché à destination des producteurs de films. Il permet de préfinancer la réalisation du film dans l’attente du versement de créances ou de subsides et donc de payer les salaires et prestations des personnes qui travaillent à la réalisation d’un film.
Parmi les films soutenus récemment : « Les Intranquilles » de Joachim Lafosse, les dessins animés « Des Cowboys et des indiens » de Patar ou « Ernest et Célestine », ou encore les séries « Barakis » et « Coyotes ».
Mesurer l’empreinte et développer de bonnes pratiques
Pour agir, il faut commencer par évaluer l’impact carbone de la production d’un film. Cet exercice n’en est qu’à ses débuts et il n’y a pas encore de benchmark établis.
Tim Wagendorp est coordonnateur en développement durable au sein du VAF (Vlaams Audiovisueel Fonds) et travaille entre autres sur un calculateur européen pour les productions cinématographiques.
« Quel est le rôle de l'éducation (cinématographique), dans quelle mesure un scénario peut-il être durable, comment les choix logistiques sur le plateau de tournage affectent-ils notre cadre de vie, quels leviers ont les financiers et quel exemple les salles de cinémas et les festivals de cinéma donnent-ils ? Les fonds cinématographiques tels que le VAF jouent non seulement un rôle d'ambassadeur en Flandre en liant la durabilité à leur soutien à la production, mais contribuent également à la transition vers la durabilité et à une approche plus uniforme au niveau belge et européen. C’est le cas, par exemple, avec le développement d'Eureca, un calculateur européen pour les productions cinématographiques.
L'industrie cinématographique ne fait pas seulement partie du "problème" de la durabilité, elle fait aussi partie de la solution. Chaque production cinématographique a un impact environnemental important : un film flamand moyen produit environ 73 tonnes de CO2 (soit l'équivalent de 10 ménages moyens par an). Les choix alternatifs durables en termes d'énergie, de transport, de restauration (catering), de matériaux... contribuent non seulement à réduire les émissions (et le budget), mais offrent également des opportunités pour les entrepreneurs innovants et la créativité. Les thèmes durables tels que le climat, la diversité et l'inclusion inspirent les auteurs et se traduisent concrètement derrière et sur l'écran. Nos histoires influencent les gens, également dans le domaine de la durabilité ».
Juliette Vigoureux, consultante française indépendante spécialisée dans la conception et le déploiement de stratégies durables auprès de professionnels du cinéma (La Base), a présenté les enseignements du rapport réalisé en France « Décarbonons la Culture ! » de The Shift Project, étudiant l’impact carbone du secteur culturel, avec un focus sur la production cinéma. Les émissions de gaz à effet de serre d’un tournage de film français (long métrage) peuvent se répartir ainsi selon de premières estimations :
- Moyens techniques (dont l’énergie et l’éclairage): 57 %
- Hôtellerie et restauration : 24 %
- Déplacements : 10 %
Les pistes d’amélioration peuvent se concentrer sur l’alimentation (en privilégiant un catering local, de saison et végétarien), les déplacements, la gestion des déchets ou encore l’hébergement des équipes.
Selon Juliette Vigoureux : « Dans le secteur du cinéma, des guides d’éco-production des films existent. Le CNC (Centre national du Cinéma et de l’image animée) a récemment identifié comme première priorité de son plan Action ! la réduction de l’impact carbone des productions. Sur le terrain, le recours à un « écomanager » sur les tournages dont le but est justement l’éco-production de l’œuvre, tend à se développer. Il a pour objectif de rendre un tournage le plus éco-responsable possible. Tous les films français ne se tournent pas aujourd’hui avec le concours d’un écomanager mais la demande se développe considérablement ».
La ministre de la Culture et des Médias Bénédicte Linard était également représentée :
« Le secteur de l'audiovisuel et du cinéma est conscient de l’importance de prendre sa part en matière de sobriété énergétique et dans la lutte contre le dérèglement climatique. La Ministre de la Culture et des Médias Bénédicte Linard entend soutenir et accompagner les initiatives du secteur en matière de durabilité, en mettant en place des actions de sensibilisation, en proposant des outils. C'est pour cela qu'elle a lancé le plan durabilité dans le secteur audiovisuel et cinématographique en juin dernier, piloté par le Centre du Cinéma et de l'Audiovisuel ».