L'extraction de minéraux précieux, dans les profondeurs des océans, devient attrayante pour de nombreux pays et entreprises. Sous prétexte que l'exploitation minière en eaux profondes est nécessaire à la transition énergétique. Or les risques de dommages irréparables à la biodiversité sont si importants que même la réduction des émissions de CO2 n'est pas une excuse. Le secteur financier doit mettre un terme à cette nouvelle industrie avant même qu'elle ne débute réellement.
L'exploitation minière en eaux profondes consiste à
extraire des minéraux, au fond des océans, à des centaines ou des milliers de mètres de profondeur. Les risques de dommages irréversibles à la biodiversité sont très élevés. Une étude récente de l'Institut royal néerlandais de recherche sur la mer, par exemple, révèle que les nodules de manganèse contiennent beaucoup plus de vie que prévu. Nous ne connaissons pas encore suffisamment la vie des fonds marins pour mesurer toutes les conséquences de l'exploitation minière en eaux profondes.
L'adoption, l'année dernière, du Traité des Nations unies sur la haute mer a constitué une étape importante dans l'extension de la responsabilité des gouvernements au-delà de leurs frontières nationales. Que ce soit en matière de conservation/gestion durable des habitats vitaux, des espèces animales/végétales en haute mer et dans les fonds marins internationaux. Malgré ce traité, la Norvège - un État qui s'est enrichi grâce à l'extraction du pétrole en mer du Nord - débat pourtant d'un permis d'exploration en eaux profondes sous l’île de Spitzberg. Et d’autres pays envisagent de le faire également.
Un remède miracle ?
Cela semble être un remède miracle. La demande de minéraux précieux est élevée. Pour assurer la transition énergétique, vers les énergies vertes et renouvelables, les métaux précieux - comme le cobalt, le nickel et le cuivre - sont cruciaux. Car ils sont nécessaires dans les batteries, panneaux solaires et véhicules électriques. Les chaînes d'approvisionnement actuelles sont problématiques. En raison de graves violations des droits humains dans l'exploitation minière, du travail des enfants, du travail forcé et d'autres conditions de travail dangereuses, contraires à la dignité humaine.
Nous ne pouvons cependant pas nous permettre d'utiliser l'exploitation minière en eaux profondes pour résoudre des problèmes existants. De toute façon, l'extraction de minéraux des fonds marins ne résout pas les problèmes actuels liés à l'exploitation minière. Elle crée même un problème écologique supplémentaire.
Les technologies durables ont besoin de certains minéraux. Mais cela ne signifie pas qu'il faille produire de nouveaux matériaux en grande quantité. Concentrons-nous en priorité sur la réduction de la consommation énergétique, le recyclage des minéraux et des choix intelligents comme le remplacement de la demande croissante de véhicules électriques par une meilleure infrastructure ferroviaire. L'extraction de nouveaux matériaux, dans les fonds marins, est une échappatoire facile pour ne pas réfléchir à ces solutions plus approfondies.
Devoir moral
Sans crédits ni investissements, l'exploitation minière en eaux profondes ne sera pas en mesure de décoller. Il est de la responsabilité des banques, des fonds de pension et des gestionnaires de patrimoine, entre autres, de ne pas financer ou investir dans cette industrie. Bien que certains investisseurs se dédouanent de leur responsabilité en prétendant dialoguer avec les entreprises impliquées dans l'exploitation minière en eaux profondes, les dommages environnementaux désastreux ne peuvent être évités qu'en excluant cette activité.
Les institutions financières n'ont pas seulement une obligation morale dans ce domaine. Elles risquent aussi d'investir dans quelque chose qui ne vaudra plus rien à l'avenir. Les derniers résultats des recherches sur l'impact environnemental, de l'exploitation minière en eaux profondes, sont si inquiétants que l'on peut se demander si des permis d'exploitation commerciale seront encore délivrés à l’avenir.
Laissons le secteur financier prendre l'initiative dans ce domaine. L'exploitation minière en eaux profondes doit absolument être interdite.
Cette opinion a été publiée, le 12 février 2024, dans le quotidien Trouw.
Pour savoir quels sont les autres secteurs que la Banque Triodos exclut de ses opérations de financement, lisez cette interview.
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