De nombreux pays européens connaîtront leur Jour du dépassement de la Terre dans les semaines à venir. Pour la Belgique cette échéance survient, cette année, le 23 mars. Cela signifie que si tout le monde vivait comme nous sur l’ensemble de la planète, ce jour-là, nous aurions collectivement consommé autant de ressources biologiques que la Terre est capable d’en produire en une année complète. Nous aurions donc besoin de 4,4 planètes Terre chaque année. Utiliser plus que ce que la Terre est en mesure de fournir – ce que l’on appelle le « dépassement » – signifie que nous dégradons les écosystèmes. Une telle situation cause du tort aux générations futures.
Au plus tard, au mieux
Il existe une grande inégalité dans la quantité de ressources et d’énergie utilisée par personne. Tant entre les pays qu’au sein de ceux-ci. Plus la consommation des ressources d’un pays est durable et équilibrée, plus le Jour du dépassement est tardif dans l’année. Certains pays, comme le Qatar ou le Luxembourg, atteignent leur seuil de dépassement dès février. Tandis que la Jamaïque, l'Équateur et l'Indonésie, conservent leur budget de ressources biologiques jusqu'en décembre.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution du Jour du dépassement en Belgique sur la base de la consommation annuelle depuis 1960. Plus la ligne bleue est haute, mieux c'est. La Belgique dépasse très largement sa juste part de ressources biologiques depuis 1960. La date de dépassement s’est progressivement rapprochée du début de l’année entre 1960 et l’an 2000. Elle stagne globalement depuis.
Un changement de système s’impose
La stagnation n'est pas une bonne nouvelle. Une amélioration lente ne l'est pas non plus. Pour préserver une écologie stable, dans laquelle toute vie humaine est finalement intégrée, le Jour du dépassement devrait être repoussé vers le mois de décembre et le début de l’année suivante. Ce qui ferait disparaître le dépassement. Cela signifie que nous devons utiliser beaucoup moins de ressources, de terres et d'énergie.
Il faut repenser fondamentalement notre économie si nous voulons atteindre un niveau durable d'utilisation des ressources. L'empreinte écologique montre clairement qu'un mode de vie véritablement durable ne se résume pas à l'adoption de SUV électriques, à la consommation d’hamburgers au bœuf bio ou encore à l'utilisation du bouton « neutralité carbone » pour nos vacances en avion. Si nous voulons réellement évoluer vers un mode de vie écologiquement durable, nous devons trouver des moyens de solliciter beaucoup moins les ressources naturelles de la planète. Le défi consiste, dès lors, à atteindre un degré élevé de bien-être humain, pour la population mondiale, à des niveaux d'utilisation des ressources bien inférieurs à ceux que nous connaissons aujourd'hui dans les pays où le produit intérieur brut, par habitant, est le plus élevé.
Les personnes les plus riches de la planète sont responsables d'une part disproportionnée des émissions de gaz à effet de serre et de l'utilisation des ressources. Car elles consomment des biens collectifs à des niveaux disproportionnés par rapport à leurs besoins réels en matière de bien-être. Si nous voulons atteindre un niveau d'utilisation des ressources équitable et durable à l'échelle mondiale, niveau qui permette un bien-être humain élevé et des sociétés prospères, il est fondamental que nous garantissions à chacun une part équitable de ces biens communs mondiaux. Cet objectif ne peut être atteint rapidement qu'en réduisant massivement la consommation des ultra-riches.
La plupart des habitants des pays occidentaux consomment les ressources à un niveau insoutenable. Vous pouvez évaluer votre empreinte écologique individuelle via ce Calculateur d'empreinte écologique. Vous y découvrirez probablement que vos choix de mode de vie induisent de grandes différences dans votre empreinte écologique. Cependant, le fait que de nombreuses personnes en Belgique aient un Jour du dépassement est également lié, par exemple, à l'utilisation des ressources par le gouvernement et les entreprises, qui se cumulent aux choix individuels. Cela montre que la réduction de l'empreinte écologique ne peut pas être une simple question d'action individuelle. Un changement de système est nécessaire.
La Banque Triodos agit
Comment la Banque Triodos oriente-t-elle l'argent vers un changement de système ? Premièrement, nous excluons un large éventail de pratiques socialement et écologiquement nuisibles. Allant des producteurs de combustibles fossiles aux entreprises impliquées dans la déforestation illégale. Ou dans des activités d'exploitation forestière controversées au sein de zones protégées.
Deuxièmement, nous sélectionnons des opportunités de financement et d'investissement qui ont un impact positif sur la société et l'environnement. Nous nous concentrons sur cinq thèmes de transition : transition alimentaire, sociétale, énergétique, des ressources et du bien-être. Tout en nous efforçant de réaliser notre ambition d'atteindre zéro émission nette en 2035 au plus tard.
Troisièmement, nous tentons d'influer sur la politique et la réglementation dans le but de faciliter ces cinq transitions. Nous essayons d'uniformiser les règles du jeu pour les organisations durables en plaidant en faveur de changements réglementaires. Un exemple récent est notre soutien à un traité mondial de non-prolifération des combustibles fossiles, afin d'accélérer leur élimination totale.
Globalement, grâce aux actions menées de concert avec notre communauté de personnes et d'organisations partageant les mêmes idées, nous espérons contribuer à une société plus durable. Si nous parvenons à réaliser ces transitions, avec l'ensemble de la société, le Jour du dépassement ne sera plus qu’un souvenir.
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