Evonik est une société allemande spécialisée dans les produits chimiques. Elle possède des usines dans 27 pays et emploie 33.000 personnes, dont 979 qui travaillent sur le site du port d’Anvers. L’entreprise produit des acides aminés pour les applications médicales et pour l’alimentation animale, ainsi que des polymères entrant dans la composition de colles utilisées notamment dans les langes, les filtres à air et les matelas. Les matières premières produites par l’entreprise sont également présentes dans les voitures, les dentifrices et les matériaux de construction. Bref, dans des produits avec lesquels nous entrons chaque jour en contact.
Les innovations réalisées par l’industrie chimique au cours du siècle écoulé sont nombreuses et leurs applications ne cessent de se multiplier au quotidien. Toutefois, de nombreux produits chimiques sont par définition dangereux : lorsqu’ils ne sont pas utilisés ou gérés correctement, ils constituent une menace pour notre santé ou pour l’environnement. D’après une étude réalisée en 2018 par l’Agence européenne de l’Environnement (AEE), environ 62% des 345 millions de tonnes de produits chimiques utilisés dans l’UE constituaient un risque pour la santé. C’est pourquoi il faut éviter la pollution, qui est toujours un problème à l’échelle mondiale.
Certaines entreprises chimiques telles qu’Evonik en sont toutefois conscientes et s’engagent dès lors dans le développement et la promotion de solutions alternatives. Ces entreprises sont précisément celles que Triodos IM sélectionne pour ses fonds. Les entreprises dont plus de 5% des revenus proviennent de la production ou de la vente de pesticides ou de substances figurant dans la liste des polluants organiques persistants (POP) n’entrent pas en ligne de compte pour les investissements.
« Le nouvel amiante »
Les PFAS, en particulier, sont sources d’inquiétude. Pendant plusieurs décennies, les perfluoroalkyles et polyfluoroalkyles ont connu une grande popularité en raison de leurs propriétés hydrofuges et antigraisses. C’est pourquoi ils ont été abondamment utilisés dans la fabrication de poêles antiadhésives, vêtements antipluie, tapis et gobelets en carton... pour ne citer que quelques-unes des applications ayant recours à des revêtements de ce type.
Aujourd’hui, on constate que les PFAS ne sont pas uniquement présents dans ces objets, mais aussi dans l’air, dans les nappes phréatiques et dans nos organismes. C’est un problème en raison de leur toxicité et du fait qu’ils ne se décomposent que difficilement – ce qui leur a valu leur surnom de « forever chemicals » ou « polluants éternels ».
Les PFAS sont à l’industrie chimique ce que l’amiante était au secteur de la construction. Ils sont associés à des cancers, des affections pulmonaires, au diabète, à des problèmes de fertilité et des difficultés d’apprentissage. D’un point de vue financier, ils constituent un risque énorme pour les entreprises qui les produisent en raison des procès qui pourraient leur être intentés à l’avenir pour préjudices sanitaires.
Score des grandes entreprises chimiques
Conjointement à 47 autres institutions d’investissement, Triodos IM a approché les entreprises chimiques présentes dans les portefeuilles pour les amener à éliminer progressivement les PFAS, à améliorer leur transparence et à passer à des alternatives plus durables. Toutes les entreprises chimiques approchées figurent dans le ChemScore, une liste des 50 plus grandes entreprises chimiques du monde. Cette liste est publiée par ChemSec, organisation indépendante sans but lucratif, qui plaide pour un remplacement des produits chimiques toxiques par des alternatives plus sûres.
Les entreprises sont évaluées dans quatre domaines : la toxicité de leur portefeuille de produits, la recherche et développement de produits chimiques non toxiques, le management et la transparence, ainsi que le nombre et l’ampleur des controverses et scandales dans lesquels elles ont été impliquées. Selon ces critères, Evonik a obtenu l’an dernier un total de 17 points sur 48, soit trois points de plus qu’en 2021, se classant ainsi à la 12e place sur les 50 de la liste.
Une progression à souligner
Toutes les entreprises figurant dans le classement ont été approchées par leurs investisseurs ; c’est ainsi que Triodos IM a entamé le dialogue avec Evonik, entre autres. L’entreprise a expliqué qu’elle voulait améliorer son score, tout en identifiant les défis qui se posent dans le cadre de l’élimination progressive des PFAS. Evonik utilise des quantités minimales de PFAS, principalement dans la production d’ingrédients pharmaceutiques ainsi que dans la fabrication de revêtements protecteurs pour différentes surfaces – et l’entreprise recherche activement des alternatives dans ce domaine.
Elle s’est en outre fixé des objectifs concrets pour réduire l’utilisation de produits chimiques dangereux. Soulignons la progression enregistrée depuis 2001 dans sa gestion des substances dangereuses, l’utilisation de PFAS dans les produits Evonik s’étant considérablement améliorée depuis 2015. L’entreprise s’est engagée à réduire les substances extrêmement préoccupantes dans les nouveaux produits, conformément au seuil de 0,1% du règlement REACH de l’UE. Il est vital de réduire l’utilisation de ces substances pour préserver la santé et l’environnement, garantir le respect de la réglementation, renforcer la responsabilité des entreprises et favoriser les pratiques durables.
Valeur d’exemple
La conclusion de Triodos IM est que l’approche d’Evonik témoigne d’une grande implication tant au niveau de la préservation de l’environnement que de la sécurité des consommateurs. En donnant la priorité à des normes internes très solides et à des mesures proactives dans l’approche des substances dangereuses, au-delà de respecter les prescriptions en matière de sécurité, l’entreprise se dresse en exemple dans le domaine des pratiques industrielles durables et d’une gestion responsable dans le secteur chimique.
Transparence et contrôles rigoureux requis
Il reste toutefois une marge d’amélioration. Éliminer les substances chimiques dangereuses exige un effort de l’ensemble des parties concernées : consommateurs, décideurs et investisseurs. Il est essentiel que les consommateurs comprennent les risques que les produits chimiques dangereux font peser sur la santé et l’environnement. À l’échelle mondiale, les décideurs doivent imposer un contrôle et une utilisation stricts de ces produits. Entre-temps, les investisseurs doivent continuer à sensibiliser tous les acteurs concernés et à plaider pour plus de transparence et d’alternatives. C’est pourquoi Triodos IM va poursuivre ce projet.
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