Quatre sœurs, quatre parcours 

Sarah travaille pour un musée à Anvers. « Certains thèmes sociétaux sensibles peuvent parfois être très pesants. Dans une exposition, on peut réduire la pression en proposant au public d’aborder la problématique sous d’autres perspectives, par l’entremise des œuvres présentées. Je suis parfois très surprise de voir à quel point cela peut changer les attitudes, sans donner de leçons. » 

Charlotte vient d’obtenir son diplôme d’ingénieure commerciale. « Je suis surtout attirée par les sciences exactes telles que les mathématiques, la chimie et la physique. Je suis par exemple passionnée par l’épuration de l’eau. » Isabelle, elle aussi, a choisi une voie scientifique : elle vient d’achever son bachelier en « vie et santé », et brigue à présent un master en neurosciences. 

Chrisje, pour sa part, initialement attirée par le monde de l’entreprise, avait d’abord opté pour des études de finances. Mais une université d’été consacrée au commerce du diamant et à ses dérives a guidé ses pas sur un autre chemin. « Les diamants de sang qui servent à alimenter les conflits, leur extraction qui génère une gigantesque pollution… dans cette sombre semaine, le seul petit rayon de lumière fut apporté par une entrepreneure venue parler de sa petite entreprise, My Fair Diamond. Et donc, il est également possible de faire autrement, me suis-je dit ! » Chrisje a donc tourné la page de la finance pour se spécialiser dans le développement durable. Aujourd’hui, elle est coordinatrice durabilité pour un groupe d’entreprises regroupant des joailliers et d’autres fabricants d’articles de luxe.

Je veux que mes choix - et notamment mon argent - contribuent à faire changer les choses. Et cela n'a rien d'un doux rève.
Chrisje

Bye-bye l’avion !


Entre-temps, Chrisje est également devenue végane. Elle a en outre entraîné toute sa famille sur la voie de la durabilité. « Il y a quatre ans, ce n’était pas rose tous les jours », précise-t-elle en riant. Voir toute sa famille manger de la viande pendant les repas en commun, c’en était trop pour elle ! Les recettes végétariennes ont donc fait leur apparition sur la table familiale. Les voyages en avion, eux aussi, sont passés à la trappe. Aujourd’hui, quand on voyage ensemble, c’est en train ou en voiture, vers une destination européenne. « Nous sommes une famille très soudée. Et Chrisje avait entièrement raison, tout simplement », explique Sarah. 

Investir, mais pas n’importe comment


On ne s’étonnera donc pas d’apprendre qu’elles ont également opté ensemble pour une solution durable lorsque leurs parents ont mis à leur disposition une certaine somme d’argent. « Comme nous sommes encore jeunes, nous voulons rester ouvertes à toutes les possibilités. Aucune de nous n’avait de grands projets dans l’immédiat. » Investir leur semblait donc la meilleure option – à condition que ce soit un investissement durable, ajoute Sarah, parce que « nous sentons que nous avons une grande responsabilité avec notre argent, tant envers nos parents qu’envers la société ». 

Et Chrisje de compléter : « Les institutions financières avec qui nous avons parlé tenaient des discours un peu vaporeux et éthérés autour de la durabilité – tout cela manquait de profondeur. Quand on analyse leurs propos en regard des critères minimums très concrets de la Banque Triodos, ou quand on sait que Triodos participe aux assemblées d’actionnaires et dialogue avec les entreprises, on voit immédiatement la différence ».  

La durabilité, sans naïveté


Elles ont choisi de confier à la banque la gestion de leur argent et de ne pas investir elles-mêmes dans des fonds ou des entreprises, même si chacune a eu des cours d’économie, et même s’il semblerait que la plupart de leurs proches investissent ci et là, et acquièrent un savoir-faire de manière un peu expérimentale. « Même quand on a l’occasion de bien se documenter, ce n’est jamais la même chose que des personnes expertes qui étudient ce que fait précisément une entreprise et à quoi va servir chaque centime investi. Je préfère de loin m’adresser à une équipe dont l’approche correspond aux options que je choisirais moi-même, si j’en avais le temps », assure Charlotte.    

« Aujourd’hui, il est naïf de croire qu’une entreprise peut prospérer dans un monde qui se délite pour cause d’indifférence généralisée et de changement climatique. C’est pourquoi j’estime important de faire des choix – notamment avec mon argent – qui contribuent à faire changer les choses. Et cela n’a rien d’un doux rêve », conclut Chrisje.