Vers la neutralité carbone
Déplacements, bâtiments, alimentation, numérique : les activités culturelles génèrent elles aussi des émissions de CO2 et ont donc un rôle à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Comme le rappelait Thomas Van Craen, directeur de la Banque Triodos Belgique : « La banque mesure chaque année depuis 2018 l’impact des divers secteurs qu’elle finance en termes d’émissions CO2. Selon son rapport 2021, le secteur ‘Arts et Culture’ représente 9,2% des émissions de carbone générées à travers les financements… alors que le secteur ne représente « que » 5,2% de son portefeuille crédits ». Or, Triodos s’est fixé l’objectif de devenir neutre en carbone ou « net 0 » d’ici 2035 en agissant sur toute sa chaîne de valeur, c’est-à-dire autant au niveau de son fonctionnement interne – ce qui est déjà le cas – que des crédits octroyés et les investissements de ses fonds.
C’est dans ce contexte que Triodos, associée à Prométhéa, a rassemblé des acteurs culturels de terrain, des représentants du secteur ainsi que le Cabinet de la Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour une après-midi d’échange.
Quel bilan carbone pour la culture ?
Juliette Vigoureux, de The Shift Project a présenté les résultats d’une étude menée pendant un an et demi dans le secteur de la culture en France. Selon elle, « la culture est l’expression du récit. Elle a donc un devoir d’exemplarité sur le fond et sur la forme. Mais en France, seul un quart des établissements culturels ont réalisé un bilan carbone. Un grand festival ayant lieu en périphérie aurait un bilan carbone de 15,7 T CO2, une salle moyenne de spectacle atteindrait 1632 T CO2 ».
Pour respecter les accords de Paris, chaque personne ne devrait pourtant pas dépasser les 2T de carbone par an.
Plusieurs facteurs influencent ce bilan :
- Les transports : la culture et les loisirs sont ainsi la 3e cause de mobilité des Français
- L’agriculture : l’alimentation est un poste important dans les événements culturels
- Les bâtiments hébergeant les activités culturelles et leur performance en énergie
- Le numérique, la majorité des contenus consommés en ligne étant culturels.
Leviers d’actions pour diminuer les émissions CO2
Parmi les solutions, Juliette Vigoureux propose de relocaliser les achats au niveau du territoire, envisager l’écoconception à tout niveau, intégrer les enjeux de mobilité, ralentir, réduire ou renoncer. Elle prône non pas de restreindre les activités culturelles, mais de réfléchir pour en diminuer l’impact carbone.
Des acteurs culturels ont également témoigné d’initiatives en cours. Françoise Havelange, Secrétaire Générale de la FEAS- Fédération des Employeurs des Arts de la Scène a présenté les conclusions de la journée d'étude « Développement Durable & Arts de la Scène ». La réflexion menée depuis deux ans devrait aboutir sur une charte de recommandation en septembre 2022. Même si les chiffres sont légèrement différents, les constats en Belgique sont similaires à l’étude menée en France.
Catherine Briard, Secrétaire Générale du théâtre « Le Rideau » de Bruxelles, a abordé le cas pratique de la rénovation éco-responsable du bâtiment du théâtre avec la création d’un patio végétalisé. Elle a notamment évoqué l’importance de la créativité, du réemploi, de la récupération (pour les sièges des gradins par exemple) ou du choix des matériaux raisonnés et si possible d’origine européenne. Elle a rappelé combien il est essentiel d’être ancré sur un territoire et de développer des synergies avec par exemple les producteurs locaux.
Des questionnements ont émergé alors que le secteur a dû s’adapter après deux années de pandémie et de restrictions. Mais les intervenants, comme les participants, ont rappelé l’impact qu’a la culture face à ses publics. En matière de diminution de l’empreinte carbone et de lutte contre le réchauffement climatique, le secteur culturel dispose d’une force de sensibilisation.
Merci pour votre commentaire!
Confirmez votre commentaire et cliquant sur le lien que vous avez reçu par e-mail