La rénovation écologique fait souvent peur. On imagine des contraintes techniques lourdes, des normes sévères et des factures salées. Pour explorer la question, la Banque Triodos a rassemblé plusieurs spécialistes lors d’un récent webinaire. Nous vous livrons ici quelques-uns de leurs conseils pour vous lancer dans l’aventure dans les meilleures conditions et sans vous ruiner.

1. L’éco-rénovation, c’est d’abord un état d’esprit
 

Nicolas Goubau. Photo: Fabrice Dermience
Nicolas Goubau, architecte. Photo: Fabrice Dermience

Coûteuse, l’éco-rénovation ? L’architecte spécialisé Nicolas Goubau rappelle qu’il s’agit au départ d’un état d’esprit. Le but est d’inscrire son projet dans l’éthique du développement durable : répondre à vos besoins sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Vous vous reconnaissez dans cette approche ? Alors l’éco-rénovation est pour vous !

Quant à la complexité, elle doit être relativisée. Nicolas Goubau prône d’ailleurs les solutions « low-tech », plus simples à élaborer et à comprendre. 

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2. Au-délà de la performance énergétique
 

La rénovation écologique est une problématique multifactorielle qui requiert une approche holistique. Traduction : il faut penser votre projet globalement et sous toutes ses facettes. Cet aspect se reflète dans les systèmes d’évaluation environnementale, dont par exemple BREEAM® (Building Research Establishment Environmental Assessment Method), qui comprend neuf chapitres ayant chacun un poids dans l’évaluation totale. La performance énergétique n’y compte par exemple que pour 20%. 

« Autrement dit, si vous avez tout misé sur l’énergie, en ignorant les autres aspects, vous n’avez fait qu’une partie du chemin », résume Nicolas Goubau. Se concentrer exclusivement sur la Performance Énergétique des Bâtiments (PEB) peut même s’avérer contre-productif. « À quoi bon une énorme maison passive pour 2 ou 3 habitants si elle consomme autant d’énergie qu’une maison moins performante de taille plus modeste? » De même, le choix du lieu de vie pèse lourd dans le bilan écologique s’il a pour conséquence qu’il faut se déplacer en voiture dont la consommation énergétique aura tôt fait d’anéantir tous les efforts consentis dans ce domaine pour la maison. 

Si vous avez tout misé sur l’énergie, en ignorant les autres aspects, vous n’avez fait qu’une partie du chemin
Nicolas Goubau, architecte


Les autres facteurs BREEAM incluent entre autres la gestion de l’eau, la pollution, la mobilité ou encore le choix des matériaux. « Vous trouverez des guides de rénovation écologique complets mais compréhensibles pour les particuliers, comme par exemple le « Guide du bâtiment durable » de Bruxelles-environnement).  
Les 9 facteurs BREEAM et leurs poids relatifs (d’après le site breeam.com). 


3. Choisir les bons matériaux 
 

Camille Mommer
Camille Mommer, Natura Mater

Camille Mommer, co-fondatrice de Natura Mater, rappelle que « 50% de l’impact est fixé lors de la construction » (et/ou de la rénovation). Il s’agit donc d’un enjeu majeur, « mais aussi d’un formidable levier ». Pourtant, les matériaux « écologiques » n’ont pas bonne réputation. On les pense coûteux, inefficaces… Encore faudrait-il savoir de quoi on parle.

On distingue trois types de matériaux écologiques : biosourcés (bois, chanvre paille…) ; géosourcés (pierre, chaux, argile…) ; ou circulaires (càd réutilisés ou issus des filières de recyclages).

La durée de vie des matériaux est de 60 ans en moyenne, alors demandez-vous quels déchets vous léguerez à vos petits-enfants
Camille Mommer, Natura Mater

Un bel exemple de circularité est fourni par le bâtiment du siège de la Banque Triodos aux Pays-Bas, conçu comme une banque de matériaux : chaque composante peut avoir une seconde vie. Le bâtiment peut être parfaitement déconstruit et reconstruit à un autre endroit. 

Les matériaux biosourcés ont un potentiel particulièrement intéressant selon Camille Mommer : « La fibre végétale des isolants à base de paille ou de foin permet de stocker du carbone. Nos villes pourraient ainsi devenir d’énormes puits de carbone ». Ces matériaux ont aussi l’avantage de pouvoir être produits localement, en respectant l’équilibre avec l’agriculture. « La paille est un rebut de l’agriculture et la laine de mouton, un isolant très performant, n’est pas tissée dans notre pays. »

 

4. Maîtriser le temps 
 

Le temps est un facteur essentiel. Sa gestion ne coûte rien, et pourtant, le temps consacré à la préparation minutieuse du projet est vite rentabilisé. Nicolas Goubau insiste : « Anticiper permet d’éviter les erreurs et oublis dont les corrections en cours de chantier sont chères et moins efficaces. Ainsi par exemple, l’étanchéité à l’air, qui est une mesure très efficace et bon marché à mettre en œuvre, devient chère et peu efficace si un manque de préparation oblige à corriger et improviser en cours de travaux. »

Faire soi-même est une option bienvenue pour réduire les coûts. Mais attention, notre enthousiasme pour un projet nous pousse souvent à surestimer le temps et l’énergie dont nous disposerons. Un projet écologique, simple et au meilleur rapport coût/qualité requiert une étude préalable complexe et une mise en œuvre soignée. L’aide de professionnels expérimentés est toujours un atout précieux pour y arriver. Il y va de votre sérénité !

5. Opter pour un crédit hypothécaire qui récompense vos efforts
 

Vous êtes décidé·e ? Il ne reste « plus qu’à » régler le financement. Bonne nouvelle : pour promouvoir l’habitat durable et embrasser les facteurs décrits plus haut, la Banque Triodos propose des crédits hypothécaires qui récompensent les choix durables.  
 

Isabelle Huens
Isabelle Huens, Senior Relationship Manager, Banque Triodos

« Notre offre comporte deux axes essentiels », indique Isabelle Huens, Relationship Manager à la Banque Triodos. « Le premier est l’amélioration du bilan énergétique (PEB), qui permet de faire baisser votre taux en fonction du gain réalisé ». Ainsi, 50% de réduction du PEB conduit à une remise de 0,5% sur votre taux.  
« Mais nous prenons également en compte les améliorations hors PEB. Pour cela, nous utilisons un système de points représentés par des feuilles d’arbre. Lorsque votre projet totalise 10 feuilles, vous bénéficiez d’une remise de 0,5% sur le taux ».

À la Banque Triodos, quiconque a un projet immobilier durable trouvera un partenaire, qui partage ses valeurs.
Isabelle Huens, Senior Relationship Manager, Banque Triodos


Pour obtenir des « feuilles » et faire baisser votre taux, vous pouvez combiner diverses options. On y trouve des aménagements liés à l’énergie et à la circularité : isolation, châssis, panneaux solaires, matériaux écologiques. Mais d’autres critères sont aussi appréciés : récupération d’eau de pluie, poêle au bois, toilettes sèches, et même la création d’un potager ou l’usage d’un vélo plutôt que d’une voiture. Ainsi, des choix qui ne coûtent rien, comme habiter près d’une gare, font aussi baisser le taux d’intérêt du crédit hypothécaire !  

Vous pouvez consulter en ligne le détail de ces critères et réductions de taux. Et comme chaque projet est unique, le mieux est encore de contacter un conseiller. « Pour nous, il est important de prendre le temps de parler du projet avant tout. À la Banque Triodos, quiconque a un projet immobilier durable trouvera un partenaire, qui partage ses valeurs. », conclut Isabelle Huens.

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