Wim a grandi dans la vallée de la Dyle et la réserve naturelle du Doode Bemde. La conscience qu’il faut agir pour restaurer la nature, il la porte en lui depuis longtemps. Mais c’est le retentissement médiatique suscité par une étude révélant le déclin dramatique des insectes, en 2017, qui l’a poussé à passer à l’action. « J’ai voulu montrer l’exemple en favorisant une végétation plus accueillante pour les insectes. Les mornes accotements de la voie ferrée, qui passe le long de mon habitation, m’en ont donné l’opportunité. J’ai mobilisé le comité de quartier, obtenu le feu vert d’Infrabel et demandé des subsides dans le cadre du programme « Kom op voor je Wijk ». Le jour de la plantation, nous avons réuni 80 volontaires et l’opération a débouché sur un bel accotement verdurisé. Cela a été le point de départ d’une initiative citoyenne plus large. »
Reconnecter les humains et la nature
La situation préoccupante de la biodiversité dans notre pays relève de plusieurs facteurs. L’urbanisation, l’industrialisation, l’agriculture intensive et la fragmentation des zones naturelles par les infrastructures humaines y ont une part importante. Les habitats sauvages sont fractionnés, détruits ou profondément modifiés, notamment par l’assèchement de zones humides ou l’épandage d’engrais. Pour préserver les végétaux et les animaux, il est essentiel d’œuvrer à un remembrement des zones naturelles, de manière à former de grands biotopes continus et faire de chaque nouvelle zone naturelle un maillon d’un grand réseau écologique.
« Nos paysages fragmentés et artificialisés sont une métaphore du manque de solidarité et d’unité entre nous et avec la nature », estime Wim. « Connaissez-vous Noah Harari ? Il montre comment nous avons rompu nos liens avec la nature. En passant de l’animisme au monothéisme, puis au capitalisme, nous n’avons cessé de nous en éloigner. Nous ne percevons plus notre relation d’appartenance, notre lien de communauté avec le vivant, alors que nous en dépendons pour notre survie. Je veux contribuer à sortir de cette schizophrénie. »
Partir de la base
Avec 6.000 km d’accotement le long des voies ferrées, la création « d’écostrades » présente un potentiel important pour la nature dans notre pays. La presse a bien perçu ce potentiel, le retentissement a été considérable. « Nous avons reçu de nombreux e-mails et lettres de citoyens qui souhaitent créer eux aussi leur « écostrades ». Avec Infrabel, le gestionnaire des infrastructures ferroviaires, nous avons étudié la faisabilité », raconte Wim. « Mettre en œuvre une mosaïque d’initiatives locales le long des voies ferrées n’est pas chose aisée ».
Cela va parfois à l’encontre des réglementations et des modes de gestion, et la sécurité le long des voies doit bien sûr être assurée. De plus, il ne s’agit pas de planter n’importe quoi, la flore doit être choisie en fonction d’un contexte naturel plus large. Des réunions de coordination étaient donc nécessaires. Nous avons alors démarré un groupe de concertation avec Infrabel, la ville de Louvain, le département Environnement, Natuurpunt, l’ANB, l’INBO et d’autres partenaires importants. Le soutien et l’harmonisation des initiatives locales est dans l’intérêt de tous. »
Aujourd’hui, une dizaine de projets tests, notamment à l’Abbaye du Parc à Louvain, à Oud-Heverlee et Aarschot. Peu à peu, le changement d’échelle se concrétise. « Les initiatives citoyennes sont le chaînon manquant entre les autorités et les organisations environnementales. Les différentes sensibilités politiques sont moins un frein et les choses avancent de manière plus dynamique. C’est pourquoi l’asbl Ecostrades souhaite mobiliser, rassembler et soutenir des citoyens. Notre rêve est celui d’un grand mouvement populaire, qui part de la base, pour étendre et reconnecter les habitats naturels. »
En savoir plus ?
La biodiversité était le sujet du Rendez-vous Triodos organisé en septembre 2021. Retrouvez toutes les présentations et découvrez les différents orateurs sur la page récapitulative de l’événement.
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