Lorsque Laura a lancé la branche belge de l'organisation il y a 10 ans, elle a reçu un coup de pouce de la Triodos Foundation.

Triodos : D’où vient WWOOF ? Et que signifie cette étrange appellation ?

Laura : WWOOF est né en Angleterre au début des années 1970. Sue Coppard, une employée de bureau londonienne, a eu envie de passer des week-ends à la ferme, pour retrouver le plaisir de la vie à la campagne tout en soutenant des petites fermes bio. L’idée a immédiatement séduit d’autres citadins, et a reçu un accueil positif de la part des agriculteurs, ravis de recevoir un coup de main ponctuel. Ainsi est né WWOOF, qui signifiait à l’origine « Working Weekends on Organic Farms ». Aujourd’hui, c’est devenu l’acronyme de « Worldwide Opportunities on Organic Farms ». En quelques décennies, le concept est en effet devenu mondial, et on compte désormais des centaines de milliers de WWOOFers (NDLR : les bénévoles) dans près de 150 pays !

Racontez-nous la création de WWOOF Belgique.

Je me suis initiée au WWOOFing en 2012. Nous étions alors une poignée de citadins à le pratiquer en Belgique, animés par le désir de faire une pause dans l’agitation de notre vie urbaine. L’expérience m’a ouvert de nouvelles perspectives et j’ai eu envie de m’impliquer davantage. De fil en aiguille, j’ai participé à la création de l’asbl WWOOF Belgique, qui représente officiellement le WWOOFing dans notre pays. Aujourd’hui, la structure se professionnalise quelque peu et la demande est croissante. C’est le résultat de plusieurs années de travail d’une équipe de bénévoles passionnés. 

Comment devient-on un WWOOFer ? 

Les WWOOFers sont des citoyens qui se posent des questions sur la façon dont tourne le monde et sont à la recherche d’activités qui ont un sens. Le WWOOFing fonctionne surtout par le bouche-à-oreille. De nombreux WWOOFers belges ont commencé par pratiquer le WWOOFing dans le cadre de voyages aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, il existe un véritable engouement pour le WWOOFing à l’intérieur de nos frontières. Cela s’inscrit dans une tendance de fond en faveur d’un retour à une alimentation locale et durable, respectueuse des paysans et de la nature. La pandémie de Covid-19 a donné un coup d’accélérateur à ce mouvement, en aiguisant les questionnements critiques des citoyens, et bien sûr aussi parce que de nombreux Belges ont été privés de voyages à l’étranger. Nous craignons d’ailleurs de ne pas avoir assez d’hôtes pour accueillir les candidats bénévoles cet été !

Peut-on parler d’une philosophie WWOOF ?

Oui, je crois. WWOOF Belgique a pour vocation de (re)créer le lien entre consommateur et producteur, dans une approche résolument durable. Le WWOOFing permet à des paysans, qui ont rarement l’occasion de quitter leurs terres, de vivre un échange enrichissant, mais aussi de faire connaître leur réalité et transmettre leurs valeurs. Nous choisissons exclusivement des exploitations de taille familiale, en agriculture bio ou raisonnée. D’autres projets durables entrent aussi en ligne de compte, comme l’écoconstruction. Les participants doivent signer une charte qui certifie leur adhésion à des valeurs fondamentales : le WWOOFing est un échange fraternel qui exclut toute transaction financière. Le bénévole offre son aide et reçoit le gîte et le couvert, même si l’essentiel demeure l’apprentissage et l’échange. Notre impact reste modeste. Que pesons-nous face au lobby de l’agroindustie, qui infléchit les politiques européennes ? Toutefois, j’ose être optimiste ! L’agriculture paysanne rencontre de grandes difficultés, mais elle réalise aussi de véritables miracles. C’est une source d’inspiration énorme, et de plus en plus d’anciens WWOOFers deviennent agriculteurs et accueillent à leur tour des bénévoles. Cet effet « boule de neige » est un signe très positif !

Comment la Triodos Foundation est-elle intervenue dans votre projet ?

Lors de la création de l’asbl, nous avons dû ouvrir un compte bancaire. Pour nous, il était évident et naturel de nous adresser à Triodos, seule banque éthique et durable en Belgique. C’est notre conseiller Triodos qui nous a lui-même appris l’existence de la Foundation et qui a vérifié que notre projet était éligible. Cela s’est donc fait presque tout seul. Nous avons reçu 1600 euros pour lancer notre activité. Une somme bien utile pour couvrir nos premiers frais, tels que les déplacements nécessaires pour visiter chaque exploitation candidate à l’accueil de WWOOFers.