La ferme de Vincent Rémy

Vincent Remy est éleveur à Bastogne. La Banque Triodos l'accompagne depuis la reprise de la ferme familiale en 2008. Il a signé la charte Nature & Progrès. 

« Cela permet de se différencier du bio industriel », dit-il. Le label est avant tout qualitatif, il traduit un engagement global pour des valeurs. « Les fermes telles que celle de Vincent sont un modèle », souligne Mathilde Roda, agronome chez Nature & Progrès, « c’est une ferme d’élevage 100% bio, en polyculture, et le cycle complet des matières organiques est accompli sur place ». La ferme est autonome en fourrage et les sols sont nourris avec le compost et les fientes de poules de la ferme. « Je vois la différence quand je retourne ma terre, explique Vincent. Mon sol est riche en vers et en vie microbienne ». Les sols abriteraient plus de 25% de la biodiversité globale ! Les paysans parlent de « terre amoureuse » pour désigner cet humus qui palpite sous leurs pas.  

Mathilde Roda : « La biodiversité est forcément omniprésente, car la ferme est elle-même un écosystème. Les arbres offrent de l’ombrage aux bêtes, les haies accueillent des pollinisateurs et des auxiliaires utiles pour lutter contre les ravageurs et les maladies. Le fourrage local et varié renforce la rusticité des bêtes, qui ont moins besoin de médicaments ». Et la polyculture augmente la diversité des pollinisateurs ainsi que la résilience face aux aléas climatiques et aux pathogènes, car elle réduit le risque de perdre toute la récolte. « La diversité amène la diversité », résume l’agronome. 

Mathilde Roda, Nature & Progrès
« Travailler avec la biodiversité et se mettre à l’écoute du vivant, cela a un intérêt non seulement humain, mais aussi agronomique et économique », selon Mathilde Roda, agronome chez Nature & Progrès.

Et si le vivant devenait un partenaire à part entière des fermières et fermiers ? « Dans le conventionnel, on a tendance à compenser avec des engrais, des pesticides, des antibiotiques. En bio, on n’échappe pas à ses erreurs. On se prend la réalité en pleine face. Si une herbe indésirable envahit mes cultures, c’est que ma ferme m’envoie un message. Il faut se remettre en question, et vite. » Une approche exigeante mais enrichissante pour des agriculteurs passionnés. « Nos agriculteurs partenaires nous reviennent avec des histoires positives, parce qu’ils constatent les résultats de leur travail. » Car chez Nature & Progrès, on a aussi les pieds bien plantés dans l’humus : « Travailler avec la biodiversité et se mettre à l’écoute du vivant, cela a un intérêt non seulement humain, mais aussi agronomique et économique ».