Créer du lien, bâtir sur des valeurs.
Selon Céline, « le bien-être et la socialité sont les motivations principales » des personnes engagées dans le projet. La preuve : les propriétaires n’ont pas hésité à réduire les espaces privés au profit des jardins, atelier et buanderie partagés, et même une salle polyvalente de près de 200 m² qui accueillera fêtes et projets culturels.
Selon Christophe De Nys, architecte du projet et fondateur du service spécialisé Coarchi, « la volonté de dédensifier est une constante dans notre approche, c’est aussi une condition indispensable à la création de logements de qualité ». Ici, deux bâtiments sur cinq seront abattus. Le gain est énorme en termes de qualité de vie, de lumière, de socialité. Une logique aux antipodes de la promotion immobilière traditionnelle.
Pour Sylvaine et Céline, l’habitat groupé est d’abord un choix de vie, dont elles assument avec enthousiasme les conséquences : nombreuses réunions, longues discussions ou encore partage des tâches en « commissions ». « C’est du travail », résume Céline. Pour la jeune femme, il n’était cependant pas question de se lancer dans un projet d’achat immobilier classique : « Être propriétaire pour être propriétaire, ça n’a pas de sens pour moi ».
L’histoire d’Isabelle et Florent, parents de deux garçons de 3 et 7 ans, est toute différente. C’est un peu « par hasard » qu’ils se sont présentés à la première visite, en juin 2017. À peine 4 semaines plus tard, ils étaient copropriétaires. Le couple s’est rapidement senti porté par la dynamique collective, mais le projet répondait aussi à des attentes que le marché de l’immobilier classique ne satisfaisait pas. « Avec leurs petits jardins encaissés et des cages d’escaliers trop étroites pour notre vélo cargo, les maisons bruxelloises n’étaient pas faites pour notre famille. Et le neuf manque d’âme ». Pour Isabelle, le choix est déjà gagnant : « nous n’habitons pas encore à l’Ambassade, mais le groupe fait déjà partie de notre vie. »
Un projet aussi ambitieux suppose des valeurs partagées par les membres du groupe. Elles sont désormais coulées dans un document fondateur : la charte des copropriétaires. Selon Céline, « cette charte assure la pérennité du projet, puisque les éventuels futurs propriétaires devront la signer avant d’intégrer la copropriété ».
Des atouts sociaux et environnementaux
Si l’habitat groupé n’est pas un choix meilleur marché, les bénéfices en termes de qualité de vie sont inestimables. Il présente aussi de solides atouts sur le plan environnemental. « Les logements atteindront des normes écologiques proches du passif, alors que nous sommes en rénovation », explique Morgane, future habitante.
Selon l’architecte Christophe De Nys, « le projet aura aussi des effets positifs sur la mobilité, avec la mise en commun de véhicules partagés ou encore la possibilité de grouper les courses. Il favorise l’investissement dans des équipements collectifs, tels que lave-linge, outillage, etc. Et grâce aux vastes espaces extérieurs, on augmente la perméabilité des sols et on étend le maillage vert qui favorise la biodiversité. Un tel projet constitue un petit poumon vert en pleine ville ».
La dimension sociale n’a pas été négligée, avec la création de deux logements à vocation sociale. « Les possibilités d’entraide et d’échange de services sont également considérables. Et à terme, l’habitat groupé intergénérationnel peut être une alternative à la maison de repos », complète M. De Nys.
Le projet a été récompensé par le prix Be Exemplary, décerné par la Région de Bruxelles-Capitale à de grands projets qui rencontrent les défis majeurs de la ville. « Une distinction rare pour un habitat groupé d’initiative privée », selon l’architecte. Les aides financières obtenues serviront à augmenter encore les performances du bâtiment, avec un système de réutilisation des eaux grises.
Facilitateurs de projet
Malgré les atouts de l’habitat groupé, il existe aujourd’hui peu d’incitants qui favorisent ces initiatives. C’est ici que Coarchi et la Banque Triodos entrent en scène. « Coarchi est né pour stimuler et faciliter ce type de projets », expose Christophe De Nys. « Notre méthodologie permet de former un groupe et déposer une offre en 6 semaines. Un processus qui peut prendre deux ans à des particuliers non accompagnés ».
Le service mobilise aussi des techniques de délibération participative, qui minimisent les conflits et favorisent la décision. Or, le facteur temps est crucial pour conjurer le taux d’échec élevé de ce type de projets et faire jeu égal avec d’autres acheteurs.
La Banque Triodos a également accéléré les choses. « En plus, c’est la seule banque qui accorde un taux préférentiel aux habitats groupés », ajoute Sylvaine. Comme le souligne Isabelle Huens, Senior Relationship Manager à la Banque Triodos : « Peu de banques prennent volontiers le risque de garantir un achat en indivision. Cette approche reflète nos valeurs, mais aussi la confiance et l’expérience que nous avons dans ces projets innovants et solidaires ».
Sobre, solidaire, écologique : « Ce type d’habitat peut répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain », selon M. De Nys. « D’ailleurs, nous comptons déjà plus de 1300 candidats ». On devrait donc voir les initiatives se multiplier à l’avenir. À une condition toutefois : « il est indispensable que les pouvoirs publics et les investisseurs privés s’engagent davantage pour soutenir et faciliter ce mode d’habitation ».
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