L’économie circulaire vise à maintenir les produits manufacturés, leurs composants et les matériaux en circulation le plus longtemps possible à l’intérieur de cycles productifs successifs. Elle s’oppose en cela au modèle linéaire sur lequel repose l’économie industrielle actuelle : extraire, fabriquer, consommer, jeter.
L’économie du partage et l’économie de la fonctionnalité dérivent de ce concept. Toutes reposent sur des principes communs : réduire, réutiliser, recycler, renouveler, redistribuer. Certains voient dans l’économie circulaire un retour à l’époque préindustrielle. Les hommes cultivaient leur nourriture, la récoltaient, la mangeaient, puis le cycle recommençait, tandis que l’usage des biens se prolongeait le plus longtemps possible.
Dans une économie de l’abondance, le système industriel a radicalement modifié cette vision des choses : produire et consommer toujours plus est devenu le dogme dominant. Des progrès significatifs ont ainsi été accomplis, mais la pression exercée sur la planète est petit à petit devenue intolérable. Les ressources naturelles s’amenuisent et les conséquences négatives de cette production à outrance menacent notre avenir même. Explosion des émissions de gaz à effet de serre, montagnes de déchets, diminution de la biodiversité, épuisement des sols et raréfaction des ressources en eau douce n’en sont que quelques exemples.
L’écoconception
La circularité doit être intégrée dès la conception. Dans un modèle circulaire, les concepteurs s’efforcent de rallonger autant que possible le cycle de vie des produits et d’en maximiser la valeur en créant des « boucles d’utilisation » successives jusqu’à l’élimination finale du produit.
De nombreux défis doivent être relevés simultanément : une conception « sans déchets » impose de choisir un maximum de composants et matériaux pouvant être réutilisés ou recyclés ; la minimisation des effets négatifs de l’utilisation des produits et de leur élimination finale implique de se concentrer sur des composants réparables, facilement démontables, récupérables. Les composants non recyclables devraient être d’origine biologique et pouvoir être réintroduits dans l’environnement sans aucune nuisance. Enfin, les besoins énergétiques induits par la production devraient être satisfaits par des sources renouvelables.
La force de l’exemple
Dans le domaine industriel, l’un des pionniers de cette nouvelle approche est l’entreprise américaine Owens Corning. Spécialisée dans les matériaux d’isolation, elle figure parmi les principaux utilisateurs mondiaux de verre recyclé. Ses produits en fibre de verre contiennent entre 53% et 73% de matières premières recyclées. En réduisant l’extraction de ressources, l’entreprise réduit sa propre consommation énergétique durant le processus de production, tout en diminuant le volume de déchets global.
Parmi les innovateurs figure également la société néerlandaise Interface, leader mondial de la production de moquettes. L’entreprise a pour objectif d’éliminer tout impact négatif sur l’environnement d’ici à 2020. À cette fin, elle utilise par exemple des déchets de nylon provenant de filets de pêche hors d’usage pour réaliser de nouveaux revêtements de sol. Les avantages sont multiples : réduction de sa propre empreinte écologique, diminution de la pollution marine, source de revenus pérenne pour les pêcheurs concernés. Elle a également développé une technologie pour séparer proprement les fibres textiles du dos de moquettes utilisées afin de les réintroduire dans la chaîne de production.
Le produit, c’est l’usage
Les objets connectés favorisent la transition vers une gestion des produits basée sur les services qu’ils rendent. Dans ce type de modèle, le producteur conserve la propriété des objets de bout en bout, n’en concédant que l’usage au consommateur. Il a donc tout intérêt à ce que son produit fonctionne correctement, le plus longtemps possible et qu’il ait encore un maximum de valeur lorsque, finalement, il le récupère. Adieu l’obsolescence programmée !
Parmi les grands groupes, Philips Lighting fait figure de précurseur de cette économie de la fonctionnalité: à certains clients professionnels, la multinationale néerlandaise vend désormais de la lumière à prix fixe, plutôt que des ampoules et des lampes. Si la performance n’est pas au rendez-vous, Philips restitue le surplus payé, ce qui l’incite évidemment à fournir à ses clients le service le plus efficient possible sur le plan énergétique.
Impliquer toutes les parties prenantes
Rompre avec les chaînes de valeurs linéaires qui commandent l’économie mondiale ne se fera pas du jour au lendemain et requiert un engagement commun des entreprises (et de leurs actionnaires), des citoyens et des gouvernements. Les premières ne pourront créer seules une économie circulaire. Il est donc impératif que les particuliers modifient radicalement leurs modes de consommation et que les autorités encouragent le développement de nouveaux modèles circulaires par des mesures incitatives, notamment sur le plan fiscal. Un tel mouvement nécessitera, cela va de soi, une collaboration internationale.
Les actionnaires ont leur mot à dire
Les actionnaires doivent encourager la transition vers une économie circulaire. Triodos Investment Management, en tant que gestionnaire des fonds ISR, utilise son influence avec une vue à long terme pour inciter les entreprises cotées en bourse à s’orienter vers de nouveaux modèles circulaires. Les ISR investissent dans les entreprises qui contribuent à des changements positifs en développant les produits et services du futur. Ils soutiennent l’économie circulaire car elle correspond à la vision d’une société durable de la Banque Triodos : une société qui promeut l’épanouissement de l’homme, l’inclusion sociale et la protection de la planète.
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